Le ring et ses coulisses sont une scène de théâtre où se jouent invariablement de petits drames personnels. A chaque fois que j'assiste à une compétition de boxe je suis captivée par la force des émotions qui s'y déploient. Loin des images stéréotypées de force, de courage, de dépassement de soi qui glorifient habituellement l'art de la boxe, j'ai préféré diriger mon regard vers le coin du perdant. J'ai choisi de montrer la peur, la douleur, la déception, l'abattement, la solitude de la défaite. Considérées, dans le monde de la compétition, comme des faiblesses ces émotions n'en sont pas moins humaines et honorables à mes yeux. Alors que tous les regards sont tournés vers le gagnant, il faut une certaine dose de grandeur pour s'assumer en tant que perdant. À revers de la loi du plus fort et de la glorification du vainqueur, j'ai souhaité rendre hommage aux perdants magnifiques.

Pour réaliser ce travail, j'ai suivi pendant 6 mois les élèves du Coopyr Sportif un club de savate boxe française du 20e arrondissement de Paris. Les photos de cette série ont été prises au cours des tours qualificatifs des Championnats de France Jeunes, dans la lumière crue des projecteurs des gymnases.